Saviez-vous que derrière l’apparente diversité du monde vivant se cachent des similitudes profondes ? L’évolution a tissé des liens complexes entre les règnes animal et végétal, partageant des mécanismes biologiques fondamentaux. Cet article explore le concept fascinant de la compatibilité phylogénique et son potentiel révolutionnaire pour la santé humaine.
Au fil de l’évolution, de nombreux processus métaboliques sont devenus communs aux règnes animal et végétal. Ces mécanismes sont codés dans ce que l’on appelle les gènes cladistiques. Ces gènes sont hérités d’un ancêtre commun et se retrouvent chez toutes les espèces partageant cette origine. Pensez aux canaux à eau, aux protéines de stress thermique ou aux enzymes clés du métabolisme des sucres (comme le cycle de Krebs) : ils sont étonnamment similaires, voire identiques, chez une vaste majorité des organismes vivants. L’ancêtre commun, à l’aube de la vie sur Terre, a inscrit ces gènes essentiels dans notre patrimoine génétique commun.
Cette parenté évolutive se manifeste également dans l’expression de caractéristiques morphologiques, qu’elles soient définitives ou temporaires (grâce aux gènes plésiomorphes). Un exemple frappant est le développement embryonnaire humain, qui reproduit des formes observées chez nos ancêtres évolutifs. C’est l’idée maîtresse de la théorie de la récapitulation de Haeckel, souvent résumée par l’adage « l’ontogénèse récapitule la phylogénèse ».
En substance, les gènes cladistiques sont des outils biologiques fondamentaux, hérités et conservés par tous les descendants d’un même ancêtre. Ils fonctionnent grâce à des mécanismes de régulation précis (« activation et répression ») qui assurent leur mise en œuvre adéquate.
Fort de cette compréhension des similitudes métaboliques entre les règnes animal et végétal, il devient possible d’envisager une approche thérapeutique innovante. Des substances naturelles issues de plantes alimentaires pourraient être mises à disposition des professionnels de santé pour offrir des soins performants et ciblés. Ces recherches sont guidées par la similarité de nos métabolismes, un héritage direct de notre histoire évolutive commune. Ainsi, les molécules thérapeutiques extraites de végétaux peuvent agir pour restaurer des fonctions métaboliques altérées chez l’humain.
Le monde végétal recèle des cascades métaboliques qui présentent des analogies frappantes avec celles des humains. Cette similarité suggère que les gènes codant les enzymes et les protéines impliquées dans ces processus sont étonnamment proches entre les plantes et les humains. Plus fascinant encore, les mécanismes de régulation de ces gènes sont souvent semblables dans les deux règnes.
Les régulateurs issus du règne végétal peuvent intervenir de manière similaire à ceux du monde animal et humain. C’est cette compatibilité qui ouvre la voie à des thérapies ciblées. Ils pourraient potentiellement restaurer une fonction déficiente chez l’humain en agissant sur des dérégulations post-transcriptionnelles ou post-traductionnelles. Cette approche scientifique, ancrée dans la phylogénèse, permet d’identifier et d’isoler des principes actifs de manière rationnelle et prometteuse.
Si les gènes cladistiques témoignent d’un héritage commun, la science a également mis en lumière l’existence de « gènes improbables ». Le séquençage du génome de la Padine (Padina pavonica) en 2017 et sa comparaison avec le génome humain a révélé l’intérêt de ces gènes surprenants, présents chez certains végétaux.
Qualifiés d' »improbables » en référence à la théorie du hasard et de la nécessité de Jacques Monod, ces gènes ne semblent pas avoir de fonction essentielle pour la plante elle-même. Ils sont retrouvés sporadiquement chez quelques espèces végétales, indépendamment de leur lignée évolutive.
Certains végétaux peuvent en contenir quelques dizaines, caractérisés par une homologie remarquablement élevée (supérieure à 98%). Contrairement aux gènes cladistiques, ils ne suivent pas les voies de l’évolution humaine. Pourtant, tout comme les gènes hérités, ils sont accompagnés de l’ensemble de la machinerie de régulation nécessaire à leur expression. L’exemple de l’hémoglobine retrouvée chez les fabacées sous forme de léghémoglobine (légumineuse-hémoglobine), avec une similitude frappante, illustre cette fascinante découverte.
La compatibilité phylogénique, qu’elle se manifeste à travers les gènes hérités ou les surprenants « gènes improbables », ouvre un champ d’exploration thérapeutique passionnant. Comprendre et exploiter les similitudes fondamentales entre les règnes animal et végétal pourrait révolutionner notre approche de la santé et du bien-être, en nous offrant des solutions naturelles, innovantes et profondément ancrées dans l’histoire de la vie sur Terre.
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